Editorial Nhân Bản Xuân 2012 : Le printemps de l’espoir


Comme par le passé, nous vous proposons à nouveau pour cette nouvelle année 2012 le numéro de votre revue Nhân Bản spécial Têt. Particularité de cette année, le journal a été intégralement réalisé par une équipe jeune, nouvelle et enthousiaste. En cette nouvelle année du dragon, l’ensemble de l’équipe de rédaction vous fait part de tous ses meilleurs vœux de bonheur et de santé.

Le Têt, c’est aussi l’occasion pour nous, Vietnamiens vivant à l’étranger de faire un bilan annuel de la situation au Vietnam et de partager avec nos compatriotes au pays leurs joies et tristesses de l’année passée ainsi que leurs espoirs et espérances pour l’année à venir.

Et, malheureusement, à tous les niveaux, la situation du pays s’est encore dégradée.

L’économie tout d’abord, déjà instable, semble encore plus proche de la faillite ; l’inflation et le chômage se sont accentués, aboutissant à une société toujours plus inéquitable et moins solidaire. Le pays est aujourd’hui complètement dominé par une poignée d’individus : les membres les plus gradés du parti concentrent le pouvoir et gouvernent pour leur profit personnel, mettant en péril l’avenir du pays. Ils forment désormais les grandes familles oligarchiques dominantes, des capitalistes rouges fortunés, et aujourd’hui font profiter leurs enfants de leurs privilèges. Dans le même temps, la grande majorité de la population vit toujours dans la misère.

La situation politique ensuite s’est elle aussi aggravée. Ainsi, les incidents maritimes avec la Chine ont montré à nouveau la dépendance du gouvernement vietnamien vis-à-vis de son puissant voisin. Ils ont ravivé la colère de la population vietnamienne, dans le pays comme en dehors. Aussi, au cours de l’année passée, tous les vietnamiens ont pu constater une fois de plus l’incapacité et l’impuissance du parti communiste à défendre le pays.

Dans le même temps, au niveau international, l’année 2011 a connu de nombreux bouleversements.

Dans les pays développés, la crise financière a fait émerger le mouvement des indignés ; à Athènes, Madrid, Londres, Saana, Tel Aviv, Santiago et surtout à New York, en plein cœur de Wall Street, une foule regroupant sans-emplois, jeunes, retraités, des familles entières, en somme de simples anonymes, est descendue spontanément dans la rue manifester son mécontentement face à l’injustice et aux inégalités grandissantes entre plus riches et plus pauvres.

Au Moyen-Orient, les soulèvements populaires ont abouti au printemps arabe, emportant les régimes dictatoriaux de Tunisie, d’Egypte et de Lybie ; ce mouvement s’étend actuellement à la Syrie et au Yémen. Au-delà du Moyen-Orient, ce sont aujourd’hui deux pays qui remplissent l’actualité en ce début d’année : la Russie de Poutine d’abord, mais surtout la Birmanie, où la junte militaire au pouvoir a consenti à de nombreuses concessions pour la démocratie, notamment la remise en liberté de l’opposante politique Aung Sang Suu Ki après plusieurs années de liberté surveillée.

L’influence des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, etc. est un fait marquant de l’année 2011. Elle a permis d’accélérer le cours de l’histoire, donnant lieu à une vague sans précédent d’indignations et de révoltes contre les injustices et l’oppression. Ainsi, An Wei Wei, célébré internationalement par le milieu artistique, est devenu un opposant politique d’envergure, qui aujourd’hui fait trembler le régime de Pékin. Il est par excellence le dissident de l’ère 2.0.

La prise de conscience des injustices, la révolte spontanée des peuples, la montée en puissance des réseaux sociaux, en somme les trois faits marquants de cette année 2011, s’appliquent également au Vietnam. Aussi, jamais depuis la mainmise du parti communiste sur le pays, le contexte n’a été aussi favorable à un changement de régime qu’aujourd’hui. La situation parait mûre pour voir cette vague démocratique toucher notre pays. Intellectuels de la diaspora doivent continuer à s’engager dans ce combat.

L’AGEVP apporte tout son soutien dans cette lutte pour la liberté et la démocratie dans le pays. Et, de fait, cette nouvelle année s’annonce pour nous comme celle de l’Espoir.